Rénover une toiture avec des tuiles plates

Rénover une toiture avec des tuiles plates

Mal isolée et couverte de vieilles tuiles en béton, cette toiture demandait une reprise complète, afin de retrouver son esthétique d’antan et faciliter l’aménagement du comble. Légère et résistante, la tuile plate utilisée pour l’habiller de neuf lui assurera étanchéité et esthétique durant de longues années.
Toiture en tuiles

Conseils pratiques

Halte aux mousses !
Incolores, les traitements anti-cryptogamiques empêchent la prolifération des mousses et des lichens sur la toiture pendant environ quatre ans. Pour une bonne efficacité, il faut les utiliser sur un support propre et sec. Ces différents produits (“Ot’mousses” de Julien, “Dipcide” de Dip, “Algimouss”, “Anti-mousses” de Sicof…) s’appliquent par pulvérisation ou au rouleau, avec un rendement moyen de 4 à 5 m2 par litre.

Une bonne ventilation
La circulation continue de l’air sous la toiture est indispensable pour garantir la pérennité de l’isolant et limiter la condensation susceptible d’altérer la charpente. Elle est assurée par des tuiles de ventilation spéciales qui ménagent des entrées et des sorties d’air en haut et en bas du toit. Il faut en prévoir une tous les 20 m2 de toiture environ, disposées en quinconce.

Des tuiles plates en terre cuite

Le décalage entre la noble pierre du bâtiment et les tuiles trop “industrielles” a justifié la rénovation. Le choix de la nouvelle couverture s’est porté sur des tuiles plates en terre cuite (“Phalempin” d’Imérys Toiture, 37 €/m2). D’un format de 16 x 24 cm, leur surface est légèrement bombée et leur aspect d’un beau gris-brun vieilli. Selon l’espacement prévu entre chaque tuile, il en faut entre soixante-treize et quatre-vingt-trois par mètre carré. Livrées sur palettes, elles se posent à joints croisés sur un réseau de lattes de bois grâce à deux tenons moulés en sous-face.

Un film protecteur

Il est évidemment nécessaire de déposer les tuiles d’origine de haut en bas, par travée, avant d’arracher l’ancien lattis. Mise à nu et dûment inspectée, la charpente est traitée avec un produit  préventif insecticide et fongicide appliqué au pulvérisateur. Puis, elle est habillée d’un écran de sous-toiture qui empêche le vent de s’engouffrer et de déplacer – voire d’emporter – des tuiles. Ménageant, une lame d’air entre la couv­­erture et l’isolant, ce film favorise également une ventilation du toit qui minimise les risques de condensation et de pourrissement de la charpente. Enfin, si des tuiles sont fêlées ou déplacées, il canalise les infiltrations en attendant la réparation.

Constitué d’un voile en polypropylène, le film (Fel’X de Siplast, en rouleaux de 1,25 x 40 m) est enduit de bitume élastomère qui le rend étanche. Il se déroule en lés parallèles sur les chevrons du toit en commençant en principe par l’égout (bordure du toit où se trouve la gouttière), pour terminer par le faîtage (ligne de séparation des deux versants). Les lés doivent se recouvrir d’environ 10 cm pour offrir une parfaite étanchéité. De même, il faut prévoir au niveau de l’égout un débordement de 3 cm environ dans la gouttière.

Un lattage refait à neuf

Les tuiles ne reposent pas directement sur la charpente, mais sont portées par une armature de bois appelée “lattage”. Elle se compose de tasseaux de sapin traité (18 x 27 et 36 x 20 mm), fixés pour former un quadrillage continu. Les premières lattes (on parle de “contre-liteaux”) sont clouées dans le sens de la longueur sur le dessus des chevrons, de leur base jusqu’au faîtage. Leur rôle est essentiellement de fixer la sous-toiture, tout en ménageant l’indispensable lame d’air.

Appelés “liteaux”, les secondes lattes sont clouées perpendiculairement aux premières. Des lignes horizontales tracées au cordeau permettent de marquer l’emplacement des futurs liteaux. Le nombre de lignes et leur espacement se déterminent en fonction de la largeur du versant du toit. Relevée de l’égout au faîtage, cette mesure (690 cm) est divisée par la longueur de la partie visible d’une tuile (ici 8 cm), le “pureau”. On obtient 690 : 8 = 86,25 cm, ce qui représente 85 liteaux espacés de 8 cm et 1 liteau avec un intervalle de 10 cm.

Le traçage s’effectue de bas en haut. La première ligne est marquée au pied des chevrons. La seconde est tracée 4 cm plus haut et les suivantes tous les 8 cm, jusqu’au faîtage.

Une pose méthodique

Une gouttière pendante assure la collecte des eaux de pluie. Elle se fixe sur une semelle de bois clouée à la périphérie de la corniche. Épaisse de 18 mm, cette planche reçoit tous les 25 cm les extrémités plates des crochets. Ainsi surélevée, la gouttière peut supporter la première rangée de tuiles sur son rebord intérieur. Pour que les tuiles du premier rang affichent la même inclinaison que celle des rangées supérieures, une latte carrée (chanlatte) est clouée sur le plan horizontal de la corniche et sous le premier liteau.

La pose des tuiles s’effectue de bas en haut par travées successives d’un à deux mètres de largeur. Clouée sur le premier rang de liteaux, la première rangée est recoupée à la meuleuse pour pouvoir être recouverte en totalité par le deuxième rang. Appelée “doublis”, cette double épaisseur repose sur le rebord de la gouttière et sur la chanlatte. Pour éviter l’alignement des joints verticaux d’une rangée à l’autre, les éléments d’extrémité sont recoupés par moitié. Ce fractionnement permet de les poser à joints croisés et d’ajuster leur largeur au versant du toit, qui va en se rétrécissant.

Des jonctions bien étanches

Largement pourvue de souches de cheminée, de lucarnes et de faîtages, la toiture s’interrompt en plusieurs en­droits. Pour la rendre étanche, il faut raccorder certaines tuiles entre elles ou les relier avec les ouvrages maçonnés.

Les arêtiers.
La jonction en angle saillant formée par la rencontre de deux versants de toiture s’effectue avec des tuiles spéciales en forme de pyramide tronquée. Scellées au mortier bâtard (1 volume de chaux hydraulique, 1/2 volume de ciment blanc et 4 volumes de sable), elles sont posées de bas en haut entre les tuiles d’extrémité des deux pans.

Le faîtage.
Le raccord entre les deux versants principaux du toit s’effectue avec des tuiles faîtières, sorte de demi-cylindres de terre cuite. Elles sont posées sur un boudin de mortier bâtard puis solidarisées par des crêtes qui empêchent l’infiltration de l’eau.

Les noues.
L’étanchéité entre la toiture principale et les toits des lucarnes (ou “chapeaux”) est assurée par des plaques de zinc pliées en V (appelées “noquets”). Pour chaque rangée, les deux tuiles d’angle sont recoupées en biais dans le sens de la longueur. Comme pour le faîtage de la toiture principale, les versants des toits de lucarnes sont réunis par des tuiles faîtières scellées au mortier, puis solidarisées avec des crêtes maçonnées.

Les souches.
L’intervalle entre les tuiles et chaque souche de cheminée est comblé avec quatre solins de mortier bâtard, de manière à réaliser une jonction périphérique étanche.

Adapter la toiture

Adapter la toiture

La toiture d’origine couverte de ses vieilles tuiles en béton. Celles-ci, de première génération, juraient cruellement avec le style du bâtiment, qui méritait bien une remise en conformité.

Créer fenêtres de toit et lucarnes

Créer fenêtres de toit et lucarnes

Après arrachage des lattes, quatre chevêtres sont ré­­alisés pour créer deux fenêtres de toit et les deux lucar­­nes. Ils s’inscrivent entre la sablière et la panne intermédiaire, après sciage des chevrons.

Poser un écran de sous-toiture

Poser un écran de sous-toiture

Les lés de l’écran de sous-toiture sont déroulés et maintenus avec des clous. Ils  se chevauchent sur 10 cm environ dans le sens de l’évacuation des eaux (le lé supérieur recouvre le précédent).

Fixer les contre-liteaux

Fixer les contre-liteaux

De l’égout au faîtage, les contre-liteaux sont fixés avec des pointes crantées en acier inox sur le dessus des chevrons, dans leur longueur. Ils maintiennent fermement l’écran de sous-toiture.

Tracer l’emplacement des liteaux

Tracer l'emplacement des liteaux

L’emplacement des liteaux est tracé au cordeau sur les contrelattes. La première ligne, constituée d’un carrelet, est clouée au pied des chevrons, la seconde à 4 cm et les suivantes tous les 8 cm.

Marquer les jonctions

Marquer les jonctions

Les jonctions entre la toiture et les versants des lucarnes sont marquées par des planchettes join­tives. Ici, des voliges en sapin sur lesquelles sont clouées les extrémités des liteaux.

Clouer les premières rangées de tuiles

Clouer les premières rangées de tuiles

En partant de l’égout et de l’une des rives, les tuiles des deux premières rangées sont clouées avec des pointes courtes en acier galvanisé. À cet effet, des avant-­­­­trous sont prévus dans la terre cuite.

Poser les tuiles à joints croisés

Poser les tuiles à joints croisés

La pose à joints croisés impose de débuter un rang sur deux avec des demi-tuiles recoupées à la meuleuse.

Poser de bas en haut, par travée

Poser de bas en haut, par travée

Le travail s’effectue de bas en haut par travées successives. Les tuiles doivent être jointives.

Poser le doublis

Poser le doublis

La première rangée est recoupée à la meuleuse pour être recouverte en totalité par le deuxième rang. Appelée “doublis”, cette double épaisseur repose sur le rebord de la gouttière et sur la chanlatte.

Prévenir les infiltrations

Prévenir les infiltrations

Des pièces de zinc en L sont placées entre les joues des lucarnes et les tuiles pour prévenir toute infiltration. Ceci fait, une bavette métallique est fixée pour rejeter l’eau vers la toiture.

Contrôler l’alignement

Contrôler l'alignement

Tous les 5 m linéaires environ, l’alignement vertical des tuiles est contrôlé à l’aide d’un tasseau plaqué contre les joints pour repérer les tuiles qui débordent. Celles-ci sont ajustées délicatement.

Repositionner les tuiles

Repositionner les tuiles

Pour visualiser l’alignement sur toute la hauteur du toit, une ligne au cordeau est tracée. Les tuiles si­­­tuées hors du trait sont repositionnées en dé­calant légèrement la rangée qu’elles terminent.

Poser les cadres de fenêtre

Poser les cadres de fenêtre

Les cadres des fenêtres de toit sont cloués sur les chevrons du chevêtre. Pour garantir l’étanchéité de leurs côtés, des noquets sont posés en veillant à les faire chevaucher sur 3 à 4 cm.

Rénover la cheminée

Rénover la cheminée

Profitant de la réfection du toit, les souches de cheminée sont ramonées et leurs joints piquetés. Ils sont resserrés au mortier bâtard de chaux hydraulique additionnée de ciment blanc.

Assurer les jonctions

Assurer les jonctions

La présence des lucarnes, des souches de cheminée et du fronton surmontant la façade nécessite des raccordements spécifiques entre les tuiles et ces ouvrages.

Etanchéiser les jonctions

Etanchéiser les jonctions

La jonction des extrémités des liteaux est rendue étanche par des plaques de zinc carrées pliées en V et clouées avec un recouvrement de 3 à 4 cm.

Fixer les tuiles d’angle

Fixer les tuiles d'angle

Les tuiles d’angle sont posées à blanc sur les noues pour tracer les coupes, et retaillées en diagonale à la meuleuse pour former un tranchis biais. Elles sont clouées en alternance avec des tuiles entières.

Etanchéiser toiture et lucarnes

Etanchéiser toiture et lucarnes

Les chapeaux des lucarnes sont couverts avec un écran de sous-toiture, sur lequel est cloué le lattage. Il recevra plus tard les tuiles posées comme précédemment à joints croisés.

Fixer les tuiles des rives du fronton

Fixer les tuiles des rives du fronton

Les tuiles des rives du fronton sont alignées à l’aide d’un cordeau tendu de l’égout au faîtage, puis scellées au mortier bâtard. Le joint est lissé à la truelle langue de chat.

Poser les tuiles faîtières

Poser les tuiles faîtières

Les tuiles faîtières sont posées sur deux lits de mortier et solidarisées par des crêtes. Par temps sec, le mortier est humidifié pour que la terre cuite n’absorbe pas son eau prématurément.

Texte :

Alain Chaignon


Photo :

Alain Chaignon